Agriculture intensive : « Il faut sortir de nos vulnérabilités en privilégiant des systèmes plus autonomes et économes »

Cécile Muret, maraîchère dans le Jura et secrétaire générale pour la Bourgogne Franche-Comté de la Confédération paysanne, pointe une agriculture prisonnière d’un système.

articles parus dns l'EST Republicain du 1ier mars 2022

À la définition d’agriculture intensive, Cécile Muret, maraîchère à Rahon, dans le Jura, et secrétaire générale de la Confédération paysanne en Bourgogne Franche-Comté, préfère « celle d’agriculture industrielle » et la différencier d’une « agriculture qui tend vers l’autonomie  ».

Sortir des dépendances

On exporte mais on importe aussi en Europe « l’équivalent de la production de 35 millions d’hectares et pour vous donner une idée, la France c’est 28 millions d’hectares. Alors plutôt que de parler de sortir d’une agriculture intensive, ce que je peux moi-même pratiquer sur 23 hectares avec six équivalents temps pleins, je préfère évoquer une agriculture qui sort de ses dépendances. »

Au premier rang desquelles se trouve « l’énergie. Notre système alimentaire en est ultra-dépendant et l’actualité va encore amplifier les tensions que nous connaissons sur ce poste. La fabrication de nitrates est exclusivement issue du gaz, dont 40 % de notre approvisionnement provient de Russie. Donc oui, nous pouvons sortir de ce modèle d’agriculture industrielle et c’est une nécessité ! »

« Recomplexifier ! »

C’est plus précisément de « nos vulnérabilités » dont il faut sortir, selon Cécile Muret, qui évoque encore « la spécialisation » de nombreux agriculteurs qui les lie à une industrie et un marché fluctuant tout autant qu’à la menace du dérèglement climatique. « Dans le Jura, par exemple, où les fermes viticoles se sont spécialisées, sur les 5 dernières années, 3 ont été mauvaises. Cela se règle à coups d’aides mais on ne pourra pas être dans le sauvetage permanent sur le long terme. Historiquement, dans le Jura, la vigne représentait un complément d’activité. Cela pose la question de ce que l’on fait des subsides que l’on accorde à l’agriculture. Je ne les conteste pas mais le milliard d‘euros d’aides pour des allègements de charges sur des produits pétroliers ne serait-il pas plus utile autrement ? »

Pour la Jurassienne, il faut « recomplexifier notre agriculture plutôt que de chercher à s’adapter à des systèmes bancals qui nous rendent malades. En France, 50 % de la surface globale de céréales cultivées est destinée à l’alimentation animale. Il nous faut privilégier des systèmes plus autonomes et économes. »

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